« Vivre à Clichy-sous-Bois m’a poussé vers l’art »

Frédérico Alagna est peintre, sculpteur, dessinateur, musicien, compositeur, poète aussi. Un homme fait de vif argent : tout en lui est vivacité et passion pour l’art.

Dès la maternelle Jean Macé, à Clichy-sous-Bois, Frédérico dessine. De ses origines siciliennes, il a pris le goût de la mythologie. Mais, « sorti des antiquités grecques et romaines vues à Syracuse, de Michel-Ange ou de Léonard de Vinci, je ne connaissais rien à l’art d’aujourd’hui mais j’avais cette flamme » explique-t-il. Au collège Louise Michel, son entrée en 6e est un clash : « une confrontation brutale avec des élèves parmi lesquels je devais faire ma place, m’imposer par les mots ou les poings », raconte-t-il. Son alternative à la bagarre : le graff et le tag, « une activité locale respectée dans cette zone. Je me suis mis à taguer partout, tout le temps. Au collège, en 4e, j’ai été dénoncé et il a fallu que je repeigne les murs des toilettes que j’avais recouverts du sol au plafond », se rappelle-t-il en souriant. Familiarisé avec les « codes » des cités, la nécessité de s’imposer se déplace des poings vers l’esprit, de la bombe de peinture aux pinceaux, des murs de la ville vers la toile. Alors que le lycée Alfred Nobel se construit, il vise la filière Littéraire/arts plastiques du lycée Albert Schweitzer, au Raincy. Une sensation nouvelle, une révolution pour lui. Et pourtant, insiste-t-il, « c’est l’ambiance de Clichy-sous-Bois qui m’a forcé à me plonger dans la création brute, forcenée. Avide de tout apprendre des maîtres comme Rodin, Picasso, mais aussi Verdi, Zappa ou Jimi Hendrix, j’ai foncé dans tous les sens. Comme toujours, un peu hors-piste. » Bourreau de travail, il s’investit, découvre, se passionne. La suite ? Elle est phénoménale, tracée sur toiles, partitions, décors, mise en scène, photos. Elle est faite de multiples matériaux qui composent ses sculptures et de pensées fortes qui forment son esthétique. Il conserve du tag le goût des pseudos : Fra Delrico pour les beaux-arts, Frédéric Piaçat pour la prose, ou encore, et « pour le fun », Don Delrico, papa des incontournables Bimbolina et Bimbolino. Il reste Frédérico Alagna pour la musique. Le sens de sa création réside dans sa capacité à dépasser ses acquis, dans un état d’alerte constant, et à créer des ponts stylistiques qui ont fait naître une oeuvre plurielle. S’il doit encore s’affranchir, aux yeux du grand public, d’être le frère cadet d’un grand ténor, son parcours fait de lutte et de réussites est loin d’être achevé.

Dondelrico-artsshop.com et www.facebook.com/fredericofradelricoalagna

Article publié dans Le mag n°106 Janvier-février 2016

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