Se battre pour les femmes

Clichoise depuis plus de 40 ans, Martine Ragon se bat. S’il n’y a pas grand-chose qui lui fasse peur, elle a l’injustice en horreur et surtout quand celle-ci touche les femmes.

Farouche militante des droits des femmes et des droits tout court, Martine Ragon, présidente du centre social de l’Orange bleue, est de celles qui vouent leur vie aux autres. Arrivée à Clichy-sous-Bois en 1976, la ville était pour elle « une cité dortoir ». Installée d’abord à Orly Parc, elle déménage, avec ses deux petites filles sous le bras, à la Lorette. D’où elle ne bougera plus. Avec les gens, Martine est du genre « maternante », « c’est en moi, avoue-t-elle. L’injustice m’est intolérable. J’ai besoin d’aider les autres ». En 2009, elle fête sa retraite et, loin de ronronner, passe à l’action militante, structurée. Elle a, entre temps, rejoint l’association Femmes Solidaires, anciennement Union des femmes françaises, issue des comités féminins de la Résistance. Tout un symbole. Avec un objectif, se battre : « Beaucoup de gens pensent que les femmes ont, aujourd’hui, tout gagné. Ce n’est pas le cas et loin de là, on est encore confronté à la domination masculine. Il reste beaucoup à faire en matière d’égalité des salaires, des emplois précaires occupés en majorité par des femmes. Ne parlons pas des violences faites aux femmes. C’est sûr qu’il y a des avancées mais rien n’est jamais acquis comme chacun sait et la condition féminine n’est pas vraiment au beau fixe », assène-t-elle. Elle relaye les actions nationales du mouvement Femmes Solidaires à Clichy, en déplorant un peu « la difficulté de mobiliser les Clichoises. Peut-être que beaucoup pensent que rien ne peut changer. » Elle se rassure pourtant de voir que, sur le plan national, des jeunes femmes ont créé leur propre mouvement comme Osez le féminisme ou les Effrontées. Au centre de L’Orange bleue, Martine tient une permanence ouverte aux femmes qui ont besoin d’une écoute et d’un accompagnement. « On parle de tout, les problèmes familiaux, leur très grande précarité, des violences au viol. Parfois elles restent des heures, parlent ou se taisent par peur ou honte. Mais ici, elles ont un lieu et nous sommes là pour elles », raconte-t-elle encore. Martine a un rêve, « celui d’amener toutes ces femmes à la terrasse d’un café », encore un symbole. Et sa colère gronde lorsqu’elle n’arrive pas à leur faire obtenir la vie qu’elles souhaitent, la liberté de faire ou simplement « d’être seule dans l’espace public ». Alors elle ne lâche rien même si parfois ce qu’elle voit ou entend l’empêche de dormir. « Clichy-sous-Bois est une ville très riche des différentes cultures, des autres. C’est vraiment là où j’ai appris le plus. Ici, il y a plein de gens exceptionnels, qui font, défont, refont sans jamais se lasser », insiste-t-elle encore. Aucun doute : elle en fait partie.

Article publié dans Le mag n°112 Janvier-février 2017

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