Pinar et Bahar Orhan sont deux jeunes femmes clichoises qui ont, depuis toujours, décidé de réussir leur vie professionnelle. Elles ont gagné leur pari !
Il y a un proverbe sud-africain qui dit « Quand un arbre tombe, on l’entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit ». En clair, on parle bien davantage de ceux qui sortent du droit chemin plutôt que des nombreux jeunes qui réussissent en dépit des difficultés liées à leur « quartier ». Mieux encore, certaines jeunes femmes osent, se battent pour mener leurs projets et leur vie comme elles l’entendent. Ces deux filles là, Pinar et Bahar, deux Clichoises de souche, ont osé. Il faut dire qu’en turc, Pinar veut dire « source d’eau » et Bahar, « le printemps ». Bel augure. « Nous avons grandi dans un environnement très protégé, avec beaucoup d’amour. Nos parents nous ont toujours beaucoup poussées, soutenues dans tout ce que nous voulions entreprendre. Ils nous ont tout donné avec un seul objectif, que nous allions toujours plus loin », raconte Pinar. Pour elles, pas de situations de blocage, de conflits de valeurs et encore moins d’injonctions contradictoires : « Nous n’avons jamais eu à faire un choix entre notre culture turque d’origine et notre culture française. Pas besoin de rompre avec nos traditions pour prouver notre émancipation », renchérit sa sœur Bahar. Pour elles, l’émancipation vise justement à pouvoir être simultanément dans la société et dans la filiation, dans la tradition et dans la modernité. Pour cela, elles inventent leurs propres chemins, dans un très joyeux duel et gardent toujours en tête l’adage selon lequel « Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ». Le père des deux jeunes femmes, Khami Orhan, a quitté sa bonne ville d’Elazig (Turquie) pour la France en 1981 suivi de Fatima, leur mère, qui l’a rejoint en 1987. Ils se sont installés à Clichy-sous-Bois en 1990. Pinar et Bahar, qu’une toute petite année sépare, y ont grandi dans la valeur d’une famille très unie et ne sont sorties de LEUR ville que l’espace de quelques années d’études à la fac : Pharmacie pour l’une et Droit pour l’autre, sortie major de promo et remportant le concours de plaidoirie. Tout simplement. « Toute notre vie est là. Notre famille, nos copines depuis le lycée avec lesquelles nous sommes vraiment très proches. Et lorsque nous sortons, c’est souvent aussi à Clichy. Nous allons chez les unes ou les autres ou manger chez Lezzistan, un restaurant turc bon et pas trop cher », poursuit encore Pinar le sourire aux lèvres. Elles profitent de tout, la Fête de la ville, Clichy Plage avec leur petite sœur Mathilde, 13 ans et qui s’éclate autant. Seul bémol, les transports pour Bahar. « Je travaille dans un cabinet d’expertise comptable, à Paris. J’ai, en moyenne et quand tout fonctionne bien, 3h de trajet », explique-t-elle. Si elles pensent parfois à partir s’installer ailleurs, ça ne dure jamais longtemps. « On est trop chouchoutées par nos parents ! » Et trop fi ères aussi de leur ville de Clichy-sous-Bois.
Article publié dans Le mag n°121 Novembre-décembre 2018