Nadia Sana, s’investit dans la vie locale

Handicapée depuis un accident médical, Nadia est venue habiter Clichy-sous-Bois à reculons. Elle y a pourtant trouvé une nouvelle façon de vivre.

« Un thé, une chaise ? », propose-t-elle. Pourtant, elle ne s’assoit pas. Pas parce qu’elle est en très grande forme, mais parce qu’elle ne peut plus. Suite à un accident médical en 2010, Nadia Sana, 47 ans, est handicapée. « Ils ont touché à la moelle épinière, explique-t-elle, mes genoux ne plient plus ». Depuis, elle porte une orthèse à la jambe droite et un corset orthopédique. Depuis, « tout est un combat » : impossible de s’asseoir – à table, dans une voiture, ou dans un canapé – mais aussi de monter la moindre marche, de se baisser, de s’habiller seule, et de travailler. Depuis, elle donnerait « n’importe quoi pour retourner » exercer son métier d’aide-soignante. « J’adorais ce métier », confie-t-elle. Puis elle craque : « je n’y arrive pas, c’est trop dur de se dire que ta vie est foutue à 42 ans ! ». À l’époque, elle préparait le concours d’infirmier-e, et « tout s’est arrêté ». Au retour de ses trois ans de rééducation, son appartement de Gagny, au quatrième étage sans ascenseur, devient inaccessible. Clichy-sous-Bois ? « Impossible ! Cette ville c’était ‘au revoir et salut’ à l’époque ! Je préférais rester enfermée chez moi à Gagny que de venir habiter ici ! ». Les images des révoltes de 2005 l’ont marquée. Ce sont finalement des vidéos de son futur quartier, tournées par son frère, qui la font céder. « Ça ne ressemblait pas aux clichés que j’avais en tête », se souvient-elle. Depuis trois ans, elle habite entre la place du marché et la forêt de Bondy, dans une résidence récente issue du programme de rénovation urbaine (PRU). Elle l’avoue : « à aucun moment, je ne regrette ». « L’accueil, la chaleur et la solidarité des habitants » l’ont conquise. Elle compense la perte du contact humain que lui apportait son métier. La proximité des commerces et du marché lui permet un minimum d’autonomie. Et puis, elle s’investit dans la vie locale : le jardin partagé de sa résidence, la future amicale de locataires, le nouveau conseil citoyen de la ville, le centre social de la Dhuys… « Clichy-sous-Bois m’a redonné un peu de baume au cœur », s’illumine-t-elle. Son âme d’aide-soignante a « besoin de lien et de se sentir utile ». « Ça permet de garder le moral, confie-t-elle, ça permet de vivre tout simplement ».

Article publié dans Le mag n°107 Mars-avril 2016

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